04 91 11 19 20 lezef.org 20 H 30 FOLIE est un ballet de groupe, un corps immense composé de quinze danseurs. Une marée humaine qui se lève, ensemble, unis dans un craquement de boue et de terre séchée mélangée, collée à notre peau. Une marée qui monte et descend suivant le rythme intense de nos respirations. Nous ployons sous le poids de nos bras dépliés, retenus par l’épaisseur de l’air qui s’écrase et se tasse, compressé contre la voile tendue d’un bras extirpé du corps familier. Seul le sol, immuable, nous soutient. Un océan empli de vies, de luttes, de morts. Nous sommes les vagues de l’été caressantes et chaudes. De ces vagues voraces aux courants traîtres qui ne laissent pas le temps du choix à l’aventurier insouciant des dangers. Nous sommes les déferlantes, les grandes marées d’équinoxe, ravageuses, dévastatrices. Ouragan. FOLIE c’est la folie des hommes entre eux, impitoyables chercheurs de cruauté, qui s’affrontent sans se regarder, sans s’aimer, ou qui s’aiment mais s’affrontent pour survivre. Folie animale des frégates magnifiques aux jabots rouges d’apparat, les ailes en étendard, somptueuses étoiles, qui plongent tels les bombardiers sur Berlin, avides de la chair tendre des nouveau-nés qui rampent vers un océan-mère qui ne les protégera pas. La terre qu’on ramasse à pleines mains, à pleine boue parce qu’elle est nourricière, folie rampante, la terre du feu, des explosions, des irruptions. Une fièvre incandescente nous brûle. Une fièvre alimentée, créée de toute notre énergie. La vie. FOLIE c’est nous, qui ne le savons pas. Nous ne pouvons que le sentir, et c’est ce que nous dansons, acharnés à vaincre les limites de notre possible. Ce raz-de-marée nous emporte. Nous le dansons, il nous emporte, et plus nous le faisons plus il nous engloutit. Nous passons dans la passion dévorante, celle qui sème les graines de discorde entre les gens qui s’aiment, celle qui récolte la zizanie pour son plaisir et justice l’amour. La création de l’œuvre se mêle à la vie de l’être et nous n’en discernons plus les limites. Quinze danseurs dans l’espace vide d’un champ de bataille, la terre, la mort, le peu d’espoir qu’ont les gens du petit peuple. FOLIE pour quinze âmes déchirées, révoltées contre les crimes impunis. FOLIE décide de faire marcher quinze danseurs vers la lumière, une lumière bien cruelle qui les brûlera dans leurs élans. Il ne restera de Folie que des éclats de chair et de sueur d’une extrême tendresse. Des Hommes et des Femmes agrippés l’un à l’autre, qui essaient de comprendre, qui essaient de danser. Des hommes et des femmes en marche. FOLIE, gestuelle directe, sans concession, cassante. Le corps pris dans l’étau de la révolution. Le corps prisonnier de sa propre expression. FOLIE, des hommes qui s’embarquent avec des rames brisées. Claude Brumachon
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