A l'ombre des Bastides à découvrir aux Archives municipales du 30 novembre au 27 avril. Inscrites dans la mémoire et le paysage marseillais, les bastides ont contribué au rayonnement de la ville. A la fois domaine agricole et lieu de villégiature, elles ont modelé la structuration et l’occupation du terroir marseillais et marqué les esprits par l’art de vivre qui s’y est développé.
De « l’âge d’or » des bastides sous l’Ancien Régime à nos jours, qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Les Bastides :
A la fois domaine agricole et lieu de villégiature, les bastides ont modelé l’occupation et la structuration du terroir marseillais, qu’elles occupent largement.
De « l’âge d’or » du XVIIe et XVIIIe siècle, où le « phénomène bastidaire » atteint sa plénitude et son apogée, à nos jours, les bastides et leurs domaines connaissent une évolution de forme : de la traditionnelle bâtisse aux belles et simples proportions, à la façade à cinq ou sept travées, à la modénature simple et au toit à quatre pentes, aux châteaux, « folies », villas et autres formes dévoyées de la bastide au XIXe siècle. Dans l’usage aussi : de domaine de rapport et de villégiature à simple résidence ou reconverties dans d’autres usages.
« Une seconde Marseille dans le terroir, et tout un peuple d’une nouvelle ville hors de Marseille. » (François Marchetti, 1664)
L'Art de vivre à la Bastide :
La bastide offre à ses propriétaires, modeste négociant, bourgeois ou noble de grand lignage, une variété de loisirs et plaisirs : promenade, jeux de boules ou de croquet, baignade et partie de chasse. Mondanités aussi, avec l’organisation discrète de jeux d’argent alors interdits, et, pour les propriétaires les plus cultivés, des représentations théâtrales ou musicales, des visites de collections artistiques, et, pour les grands propriétaires qui se vivent comme des seigneurs locaux, accueil dans leur parc de fêtes patronales ou villageoises.
La vie à la bastide, c’est aussi celle des fermiers, qui l’occupent à l’année et veillent à son rendement, menant une vie de labeur contrastant avec l’image traditionnelle, joyeuse et bucolique, de la bastide.
C’est enfin le lieu du refuge contre les touffeurs de la ville et ses miasmes délétères, en particulier ceux de la peste.
« Les bastides sont la passion dominante des Marseillais » (Stendhal, 1837)
Le domaine bastidaire ou la nature organisée :
Dans un paysage méditerranéen depuis longtemps façonné par l’homme, et malgré l’aridité des collines marseillaises, la bastide et son domaine sont l’exemple le plus achevé de la tentative de créer un paysage idéal, jouant des contrastes entre ombre et lumière, aridité des paysages naturels et luxuriance des jardins irrigués.
Dans son domaine clôt par de longues murailles en pierre sèche, la bastide associe des fonctions de production (agricole) et de loisirs (promenade, chasse) à travers plusieurs espaces : espaces cultivés (vigne, olivier et blé), parc ou jardin de plaisance avec terrasse, parterre, allées et bosquets, verger et potager, parfois fontaines et bassins, salle de verdure et surtout la traditionnelle tèse*, sans compter enfin la pinède et les terres incultes.
* Allée plantée d’arbres, en berceau, qui se termine parfois en hémicycle avec un bassin, en travers de laquelle des filets sont tendus pour attraper les petits oiseaux, attirés par la fraîcheur et les baies des arbres.
« Ma première sensation d’existence eut lieu dans une des maisons de campagne qui embellissent les environs de Marseille et que l’on y nomme Bastides. C’est là, parmi les fleurs et les fruits que je commençai à jouir de la vie, et je suis devenu botaniste. » (Constantin Rafinesque, 1840)
Que sont nos Bastides devenues ?
Soumises à une pression foncière grandissante au XIXe siècle et surtout au XXe siècle, les bastides et leurs domaines disparaissent peu à peu, ne laissant de souvenirs que dans la toponymie, à travers quelques rares vestiges (portail monumental, arbres remarquables) ou dans la physionomie du réseau viaire, calqué sur les limites de propriété.
Les grands travaux d’aménagement autoroutier des années 1950-1980 (autoroute nord et est, L2) achèvent de détruire celles qui avaient par ailleurs survécu aux réquisitions et dommages des deux guerres. Seules subsistent, souvent amputées de leurs domaines, les bastides qui ont été reconverties en établissements d’enseignement publics ou privés, hôpitaux, équipements publics de type mairie, centre social ou culturel, musée, auberge de jeunesse, maisons de retraite, établissements religieux ou parcs publics.
« Je considérais avec un affreux serrement de coeur toutes ces belles propriétés naguère si riches qui, depuis tant d’années, avaient été l’honneur et le charme de notre paradisiaque banlieue marseillaise, aujourd’hui dévastées de fond en comble, pourfendues, salies, mutilées… » (Victor Gelu, 1857)
► Autour de l'exposition :
- Visites commentées (durée 1 h) aux Archives de Marseille :
Archives de Marseille
10 rue Clovis-Hugues, (3e)
Du 30 novembre 2018 au 27 avril 2019
> les mardis et samedis à 14 h 30 (pour les individuels)
> les vendredis à 14 h 30 (pour les groupes, sur réservation au 04 91 55 33 75).
- Conférences au musée d’Histoire :
Musée d'Histoire de Marseille
4 rue Henri-Barbusse, (1er)
> mardi 04 décembre 2018 à 18 h
"Marseille, un terroir et ses bastides" en collaboration avec le Comité du Vieux- Marseille par Georges Aillaud, maître de conférence honoraire de l’Université de Provence (E. R.), président du Comité du Vieux-Marseille, Georges Reynard, enseignant-chercheur honoraire à la faculté des sciences de Marseille et Eliane Richard, maître de conférence honoraire de l’Université de Provence, membre de l’Académie de Marseille.
> mardi 26 février 2019 à 18 h
"A la recherche des décors et du mobilier des bastides du terroir marseillais : sources et documents inédits " par Alexandre Mahue, doctorant en Histoire de l’Art, Aix-Marseille Université (UMR TELEMMe 7303- AMU CNRS).
- Concert à la Magalone :
Cité de la Musique
245 bis boulevard Michelet, (9e)
> vendredi 22 mars 2019 à 20 h 30
"Les secrets de la Magalone, ou l’art de toucher le clavecin à la bastide" par Christine Lecoin, claveciniste, 1er Prix du Concours International de Clavecin de la Fondation Spivey-USA, professeur au Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille et à la Cité de la Musique de Marseille.
► Exposition à l'ombre des Bastides
Renseignements :
Archives de Marseille
10 rue Clovis-Hugues, (3e)
Tel : 04 91 55 33 75
Du 30 novembre 2018 au 27 avril 2019
Du mardi au vendredi : 9h - 12h / 13h - 17h